Dépôts de particules dans la neige : quels impacts sur la durée d’enneigement ? Entretien avec Marie Dumont, coordinatrice du projet ANR EBONI
Quelles impuretés se déposent dans la neige et pourquoi étudiez-vous plus précisément leur devenir au sein du manteau neigeux ?
Marie Dumont : Des particules en suspension dans l’air, telles que le carbone suie ou des poussières minérales comme le sable saharien, peuvent se déposer dans le manteau neigeux lors de précipitations ou en raison des conditions atmosphériques (le vent par exemple), et ont la propriété d’absorber la lumière dans la neige. En altérant la couleur de la neige, elles modifient la quantité d’énergie qui est absorbée par le manteau neigeux et accélèrent son évolution et sa fonte. Nos travaux visent à mieux comprendre et modéliser ces interactions, afin de quantifier et prévoir l’impact des impuretés sur la fonte de la neige.
Nous étudions aussi les effets indirects de ces particules sur la structure interne du manteau et sur le risque d’avalanches. Afin d’analyser les interactions neige – impuretés en l’absence de rayonnements solaires, nous avons notamment observé l’évolution de la microstructure d’une neige contenant une quantité connue de poussières minérales, dans différentes conditions de températures contrôlées. Si aucune différence n’est notable pour les neiges isothermes, on observe un déplacement vers le bas des particules minérales en cas de gradient de température (caractéristique des neiges arctiques). Ce déplacement, qui est induit par les cycles de sublimation et de condensation de la glace, modifie le contenu en impuretés d’une couche de neige et donc leur potentiel effet radiatif. D’autres études sont aujourd’hui nécessaires pour mieux comprendre l’évolution de la structure de la glace en présence d’impuretés.