La recherche créatrice d’innovations : retour sur les 10 ans des LabCom
Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a rappelé dès l’ouverture de la journée que « le renforcement de la recherche partenariale est un levier essentiel pour stimuler les travaux de recherche et assurer la compétitivité du tissu industriel français » et, parmi tous les instruments destinés à développer les partenariats public-privé, le programme LabCom est un outil « singulier et structurant », « un dispositif fort pour renforcer non seulement les travaux de recherche, mais aussi l’émergence d’innovations partout sur notre territoire » a-t-elle indiqué ensuite.
Une spécificité que Thierry Damerval, président-directeur général de l’ANR, explique notamment par une dynamique plus forte dans un projet LabCom que dans une collaboration classique. Grâce à la mise en place d’une « gouvernance agile, mais effective et réelle autour du projet » et à « l’établissement d’une feuille de route, de livrables co-construits, de groupes de travail sur une durée longue de 54 mois, les LabCom permettent la création de partenariats bilatéraux durables ». Cette relation de confiance pérenne qui s’installe entre les partenaires publics et privés se traduit par la prolongation des projets au-delà du financement apporté par l’ANR dans 60 à 70 % des cas.
Favoriser et stimuler l’innovation sur l’ensemble du territoire
Depuis 2013, le dispositif LabCom renforce la capacité de développement des acteurs socio-économiques par la mise en place de programmes de recherche spécifiques permettant de lever des verrous technologiques qu’ils ont identifiés.
« 65 % des LabCom contribuent à l’innovation de leur partenaire industriel » précisent Eric Papon (chargé de Mission Filières Industrielles & Socio-Economiques, Université de Bordeaux – Conseiller Innovation, France Universités – Responsable scientifique, ANR) et Pierre de Souffron (chargé de projets scientifiques programme LabCom, ANR), dans leur présentation des données d’impact, de cartographies et des critères de réussite d’un projet LabCom.
Ils sont un levier essentiel comme le souligne Cédric Chauvierre (laboratoire de Bio-ingénierie de Polymères Cardiovasculaires – Université Sorbonne Paris Nord – Université Paris Cité – Inserm) qui estime que sans le soutien des LabCom, il aurait été beaucoup plus difficile de mener à bien le projet FucoChem, car « le chemin pour faire de la recherche académique et amener un produit chez l’homme est très long ».
Une dynamique d’enrichissement mutuel au service de l’excellence de la recherche et de la croissance des TPE, des PME et des ETI
Parmi les 225 projets LabCom soutenus depuis la mise en place du programme, une centaine de partenariats étaient présentés le 23 novembre et force est de constater que les résultats sont au rendez-vous pour les partenaires académiques comme pour les partenaires industriels.
En matière de valorisation des projets, les résultats sont significatifs avec notamment plus de 440 publications scientifiques, 86 demandes de brevets, 83 logiciels ou programmes et plus de 150 prototypes.
Les LabCom permettent également de partager connaissances et savoir-faire. Pour Marc Cuggia du laboratoire Traitement du Signal et de l’Image (LTSI), Inserm, Université de Rennes et Cyril Garde de la société ENOVACOM (projet LITIS), cette dynamique peut mener à la création ou pérennisation d’emplois pour l’entreprise et à l’introduction d’une méthodologie agile et de processus industriels pour le laboratoire.
Enfin, parmi les exemples de réussites cités par les PME et ETI, le gain d’un appel d’offres majeur pour la société CARMELEC, une croissance annuelle de 30 % pour SPYGEN ou encore la valorisation de l’activité de l’entreprise dans le cadre d’un rachat pour COMIX AI montrent à quel point les LabCom permettent d’ouvrir de nouveaux marchés et de se développer. 54 % des entreprises ont ainsi déclaré avoir connu une augmentation de leur chiffre d’affaires pendant la période couverte par le LabCom.
Ouverture du programme LabCom aux start-up et accès simplifié au dispositif CIFRE
Fort des résultats déjà obtenus par les projets LabCom, le programme sera étendu dès 2024.
Le travail de coordination entre les acteurs de l’innovation sera poursuivi au plus près des écosystèmes territoriaux, en lien notamment avec les Pôles Universitaires d’Innovation (PUI), et deux nouveautés seront mises en place pour renforcer le déploiement des LabCom.
Sylvie Retailleau a ainsi annoncé le 23 novembre que le dispositif LabCom serait ouvert aux start-up, en cohérence avec le plan Deeptech. Si les modalités pratiques de cette évolution restent à préciser, elle permettra aux LabCom de contribuer au ressourcement scientifique de ces entreprises qui développent des innovations à haute intensité technologique.
L’accès au dispositif des thèses CIFRE sera par ailleurs facilité et accéléré pour tous les bénéficiaires des LabCom pour que les démarches administratives ne soient pas un frein aux synergies possibles lorsque l’on bénéficie d’un accompagnement vers la recherche partenariale.
Ces nouvelles dispositions seront essentielles pour atteindre l’objectif de passer d’une vingtaine de projets financés chaque année par l’ANR et à près de 50 projets soutenus par an à partir de 2027.