“La Science au service de la performance sportive” lancement du colloque autour du PPR “Sport de très haute performance” à l’INSEP
Coorganisé par l’INSEP et l’ANR, l’événement « La Science au service de la performance sportive », dressait, à 192 jours de l’ouverture des Jeux Olympiques et 225 des Jeux Paralympiques de Paris 2024, un premier bilan des projets lauréats du programme prioritaire de recherche. Un dialogue s’est noué entre lauréats, sportifs de haut niveau, fédérations, industriels, représentants du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et du Secrétariat Général pour l’investissement, en charge de France 2030.
Apporter des solutions scientifiques et technologiques utiles à la transformation des pratiques d’entraînement et de compétition
Ce PPR, lancé en 2019 et doté à hauteur de 20 M€ au titre des Programmes d’investissement d’avenir (PIA 3), désormais intégrés à France 2030, avait pour but, à quatre ans des JOP 2024, de financer des projets de recherche translationnelle dans le domaine de la performance sportive afin de préparer les athlètes français à la compétition.
Il présentait la particularité de s’adresser à la fois aux communautés scientifiques (laboratoires de recherche) et aux communautés sportives (Fédérations sportives) afin de construire ensemble des projets de recherche s’inscrivant dans 9 grands défis pluridisciplinaires :
L’équilibre de vie et l’environnement de l’athlèteLa prévention et le traitement des facteurs de risqueCognition et préparation mentaleLes interactions homme-matériel et l’optimisation du matérielApprentissage et optimisation du geste sportifLa quantification des charges d’entrainementLes big data et l’intelligence artificielle au service de la performanceLa performance dans son environnementSpécificités du domaine paralympique
A l’issue de deux vagues lancées en 2019 et 2020, le jury international indépendant, organisé par l’ANR et présidé par le professeur Jacques Mercier, Vice Président de l’Université de Montpellier, a proposé le financement, à hauteur d’1 million minimum sur une durée de 4 ans, de 12 projets associant des fédérations sportives et des équipes de recherche reconnues dans leur domaine.
Une diversité de thématiques ouvrant le champ des possibles
Une grande variété de disciplines : psychophysiologie, neurosciences, apprentissage moteur et modélisation digitale, biomécanique, physique étaient ainsi potentiellement pertinentes dans l’optique d’accompagner les sportifs de haut niveau à diverses étapes charnières de leur pratique : préparation physique et mentale, performance physique et cognitive durant l’activité, récupération post effort, sommeil, etc.
Ces disciplines scientifiques se sont croisées avec un nombre conséquent de disciplines sportives (Canoë-Kayak, Cyclisme, Judo, Lutte, Natation, Rugby, Handisport, Voile olympique, Boxe, Gymnastique, Lutte, Sport de montagne, Escalade, Athlétisme, Escrime, Aviron). Les associations potentielles sont ainsi innombrables et ont abouti à des axes de recherche originaux, parfois inédits. Comme par exemple la compréhension de l’identité collective et des phénomènes de contagion émotionnelle avec le projet TEAM-SPORT qui collabore avec les principales fédérations olympiques de sports collectifs dont le XV de France lors de la dernière coupe du monde de Rugby. Le projet a notamment mis au point des algorithmes permettant l’évaluation en temps réel des niveaux de stress collectif, côté co-équipiers ou adversaires.
Ou encore le projet PARAPERF, qui travaille à l’accompagnement et la personnalisation des parcours et équipements pour amener les athlètes handisport à une meilleure performance notamment en analysant les performances des athlètes, modélisant leur trajectoire de progression et en les situant dans le contexte concurrentiel de leur discipline. Un autre axe du projet vise à optimiser les performances des athlètes en fauteuil en renforçant, selon les besoins liés aux disciplines sportives : stabilité (pour les sports de précision), maniabilité (pour le rugby, le basket-ball, le badminton), réduction de la résistance au roulement (pour l’athlétisme).
Le projet du « Du Carbone à l’or olympique » vise à améliorer les interactions homme-matériel dans la voile de compétition, en associant ingénierie – optimisation physique du matériel – et les sciences cognitives – ergonomie cognitive du sport – pour renforcer la finesse d’analyse des marins.
Dans cette dimension cognitive et psychologique, le projet TRAIN YOUR BRAIN, associe de même physiologie et psychologie pour caractériser les exigences physiques et mentales spécifiques ainsi que la gestion de la fatigue tout au long de la compétition d’escrime au plus haut niveau de performance et décrire les stratégies de régulation perceptive, attentionnelle et émotionnelle nécessaires pour affronter les aléas de la compétition.
« Sport et recherche scientifique : le temps long en commun »
Le colloque a été inauguré par les interventions de Fabien Canu, président de l’INSEP, Thierry Damerval, Président Directeur de l’ANR et François Germinet, Directeur du Pôle connaissance du Secrétariat général pour l’investissement, en charge du plan France 2030. Deux tables rondes sur les thèmes « Sport, Science et Société et « Accompagnement scientifique de la performance sportive » ont rythmé cette matinée d’ouverture.
Fabien Canu a rappelé l’engagement des agents de l’INSEP, dont les laboratoires sont porteurs de 6 projets lauréats pour contribuer à la quête nationale de médailles à l’horizon des JOP 2024 et conclut que « Jamais autant de sportifs de haut niveau n’ont ainsi contribué à l’avancée de la science. »
Saluant « la grande diversité de thématiques portées par les projets », Thierry Damerval, PDG de l’ANR a souligné que le PPR a « mobilisé les communautés scientifiques et donné un nouvel élan à des interactions entre sport et recherche qui existaient mais méritaient d’être davantage soutenues et visibilisées. Ces deux domaines partagent, outre la compétition, de nombreuses valeurs comme celle de pousser toujours plus loin les limites de la connaissance et la performance. »
François Germinet, SGPI, a évoqué « un programme, interministériel et interdisciplinaire, dont les résultats impactent directement la société et dont les effets positifs sur les pratiques actuelles des athlètes se font déjà sentir ». « On observe, une corrélation non négligeable, au regard de différents pays, entre l’investissement dans la recherche sur la performance sportive et le nombre de médailles obtenues dans le temps » a-t-il ajouté.
Antoine Petit, Président du CNRS, pilote scientifique du PPR, a conclu cette matinée institutionnelle en réaffirmant la nécessité de ces espaces d’échanges interdisciplinaires et en rappelant la pleine mobilisation du CNRS sur cette thématique, avec quelques 200 laboratoires intégrant de totalement ou à la marge le sport dans leurs applications potentielles. Il a par ailleurs rappelé la dimension prescriptrice des sportifs et entraineurs sur l’évolution des sujets d’étude. Les besoins et problématiques des athlètes et des fédérations sont autant d’indications pour aiguiller de futurs axes de recherche des scientifiques à construire. Recherche et sport de haut niveau partagent ainsi le « temps long ».
L’écosystème de la recherche française impliqué
Sébastien Journaux, référent olympique et paralympique au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, a rappelé la part non négligeable de la performance sportive dans le paysage de la recherche française avec notamment près de 180 unités de recherche, près 1500 chercheurs.
Traduisant ce maillage thématique et territorial, les 12 projets embarquent une pluralité d’organismes nationaux de recherche, (CNRS, INRIA, INSERM, CEA), des universités et établissements d’enseignement supérieurs (Polytechnique, INSEP), des groupes de recherche (GDR Sport et activité physique du CNRS).
Vers les Jeux de 2024 et au-delà
Si les JOP 2024 ont été le catalyseur de ce programme ambitieux, pour Thierry Damerval, leur issue ne devrait pas marquer un coup d’arrêt aux nombreux et fructueux échanges entre équipes de recherche et fédérations rendus possibles par le PPR : « Ce PPR a un effet mobilisateur qui pourra donner une impulsion durable à ces nouvelles interactions ».
Selon Sébastien Chevallier, Chef de service de la coordination et de la stratégie au Ministère de la recherche et de l’Enseignement supérieur, ce PPR a été « un acte fondateur, car on est partis de très loin. Au même titre que le Royaume-Uni avait opéré un travail de recherche colossal en amont des JOP de Londres en 2012, nous devons nous aussi garder cette dynamique pour de futurs grands événements sportifs mais également sur des sujets qui dépassent le sport de haut niveau comme le sport éducatif, le sport et la société, les transitions écologiques, technologiques, sociologiques ».
Eric Journaux, référent olympique et paralympique au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche a ajouté qu’« il faut toujours garder en arrière-pensée du rayonnement national permis par les succès du sport de très haute performance les retombées et bénéfices pour le citoyen. Qu’il s’agisse d’enjeux de société, de santé publique, de lutte contre la sédentarité, de sport santé ou de transitions écologiques. »