Retour sur la participation de l’ANR à la 3e édition de l’exposition scientifique “Demain, mais en mieux !”
A l’origine du projet « Demain, mais en mieux ! », le constat que l’avenir est trop souvent envisagé sur un mode pessimiste. « Demain, mais en mieux » propose ainsi de restaurer la confiance en l’avenir grâce au dialogue scientifique. Pour ne pas céder à une logique de « science-frisson », l’exposition invite experts, chercheurs et ingénieurs, à échanger avec le public autour de démonstrations aussi surprenantes que divertissantes. Une tribune inédite pour l’ANR, présente aux côtés de grands organismes de recherche comme le CNRS, le CEA, le Cnes, l’INRAE, l’INSERM ou encore l’Agence spatiale européenne.
Sur place, il faut oublier tout ce à quoi on pourrait s’attendre sur un salon d’innovations scientifiques : elfes et orques conversent autour d’un chaudron fumant, Stormtrooper s’encanaillent avec des Maîtres Jedi venus d’une galaxie lointaine, très lointaine. Après avoir traversé des allées qui empruntent à l’univers de Jules Verne et de Léonard De Vinci, le visiteur arrive dans un décor de base spatiale internationale où l’ANR a son pavillon parmi 22 autres institutions. Six PEPR soutenus par France 2030 ont ainsi investi, le temps d’un weekend, 130m² de stands pour parler génomique et séquençage de la biodiversité, technologies de microchirurgie, réalité virtuelle et performance sportive, pédagogie en santé ou encore imagerie spatiale…
Dès l’entrée, l’œil est attiré par les spécimens marins tout droit sortis de la zoothèque du Museum national d’histoire naturelle (MNHN). L’équipe du PEPR ATLASea, dirigé par Hugues Roest-Croellius côté CNRS, a choisi ces éléments de décor insolite pour inviter le visiteur à découvrir son ambitieux projet de création d’un atlas de métadonnées basé sur le séquençage du génome de plus de 4 500 spécimens marins ! Le stand retrace les trois étapes qui structurent le programme ATLASea : d’abord le prélèvement d’échantillons grâce à des expéditions sur les littoraux métropolitains et ultramarins français. « L’occasion de découvrir chaque fois de nouvelles espèces », souligne Benjamin Girard du MNHN. Des échantillons ensuite envoyés au Génoscope d’Evry, dirigé par Patrick Wincker, coordinateur du programme pour le CEA, qui se chargera de séquencer leur génome, avec l’ambition d’aboutir à des génomes de référence – c’est-à-dire complet et non plus fragmenté. Pour quelle finalité ? Cette mine d’informations stockée dans des bases de données ouvertes et accessibles à la communauté scientifique internationale pourra être exploitée à des fins de protection des écosystèmes, ciblant les espaces les plus fragilisés sur le plan biologique ou présentant un intérêt économique et stratégique certain. En comparant les génomes de ces espèces et en retraçant leurs évolutions biologiques, il sera possible de comprendre comment opèrent certaines espèces invasives (induites par l’activité humaine) dans des écosystèmes fragilisés à des fins de protection et de conservation de la biodiversité marine. Analyser le génome de toutes ces espèces marines permettra également d’identifier des gènes présentant des fonctions d’intérêt pour des domaines tels que la médecine, l’agriculture ou encore la cosmétique.
Génomes marins (ATLASea) – Atlas des génomes marins : des données massives à l’innovation
L’engouement scientifique pour le séquençage du génome de la biodiversité est également visible sur le stand voisin tenu par le programme Sélection Végétale Avancée (SVA) piloté par l’INRAE. L’enjeu est de taille pour l’équipe de ce récent PEPR, venue présenter pour la première fois au grand public les grandes missions de ce programme – au cœur de la stratégie d’accélération France 2030 pour la création de « Systèmes agricoles durables et d’équipements contribuant à la transition écologique ». Emergeant des frondaisons d’un champ d’oliviers dont le visuel offre un décor verdoyant à leur atelier, l’équipe de l’INRAE nous parle génomique des plantes et sélection variétale avec des mots qui parlent à tous. Un jeu sérieux invite le visiteur à se mettre dans la peau d’un chercheur pour identifier des gènes impliqués dans l’expression du caractère d’une plante (sa taille, sa robustesse, sa résilience). Une maquette interactive montre comment améliorer le caractère d’une plante en modifiant la séquence de son génome. Des méthodes visionnaires qui permettront d’adapter le système de production agricole au changement climatique sans renoncer à l’impératif de réduction des intrants phytosanitaires dans les cultures pour une alimentation favorable à la santé.
Le programme est dirigé par Isabelle Litrico (INRAE).
Dans un registre non moins ambitieux, l’énigmatique stand de FlexsiMirror attire le visiteur passionné de recherche spatiale et de vie extra-terrestre. Projet d’astrophysique faisant appel aux technologies les plus avancées en matière d’optique pour observer l’univers, FlexSiMirror est l’un des maillons de l’ambitieux PEPR ORIGINS, coordonné par le CNRS et le CEA et financé par France 2030, visant à étudier l’origine de la formation des planètes et de la vie. Rien moins que cela. Maud Langlois, directrice du programme pour le CNRS, et Gil Moretto, coordinateur du projet FlexsiMirror, ont répondu à l’appel de l’ANR pour venir présenter les dernières avancées technologiques mises au point dans le cadre de leurs recherches au Centre d’astrophysique de Lyon. Les visiteurs ont ainsi pu découvrir des prototypes de miroirs aux propriétés étonnantes qui révolutionnent le futur de l’imagerie spatiale : des miroirs ultra légers dont la souplesse permet de résister aux déformations induites par les changements de gravité et qui peuvent même être déformés en temps réel grâce à des dispositifs en 3D. Dans un futur proche (à l’horizon 2030), Gil Moretto, astrophysicien aussi passionné que passionnant, nous affirme que ces technologies de pointe pourront venir équiper des télescopes placés en orbite ou sur des bases lunaires pour détecter exoplanètes et biosignatures de vie.
Fort du succès rencontré lors la précédente édition de « Demain, mais en mieux ! », l’Institut Faire Faces d’Amiens, centre de recherche et de formation sur la reconstruction faciale, a renouvelé sa présence cette année. La professeure Sylvie Testelin, chirurgienne maxillo-faciale qui a réalisé avec Bernard Devauchelle la première greffe partielle du visage au monde en 2005, est venue soutenir une nouvelle équipe de jeunes talents. Cette année, l’Institut a choisi de mettre en avant le robot SYMANI offrant une assistance d’une précision inégalée dans la pratique d’actes de microchirurgie. Stéphane Péralès, de la société Medical Microstruments (MMI) qui a développé ce système, a présenté le dispositif à un public bien différent de celui qu’il croise habituellement sur les salons professionnels. Comme l’année dernière avec le robot laser CARLO, le succès est au rendez-vous. Petits et grands se glissent dans la peau d’un chirurgien, non pas ici pour suturer bout-à-bout des vaisseaux de quelques dixièmes de millimètres mais pour déplacer des palets de couleurs ! Le système de télémanipulation des instruments permet ainsi d’augmenter la précision des gestes de chirurgie de 7 à 20 fois, éliminant notamment les risques de tremblement de la main. Grâce à SYMANI, bouger la manette d’un demi-centimètre revient à bouger les instruments chirurgicaux sur quelques dixièmes de centimètres seulement !
Doctorant à l’Institut, Maxime Leharanger était venu présenter un dispositif de réalité mixte mis au point dans le cadre du projet « Comment faire face à autrui ? », visant à développer et entraîner les compétences sociales des personnes atteintes de Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) : les visiteurs pouvaient enfiler le casque innovant Hololens 2 diffusant des hologrammes animés qui permettaient de simuler des situations d’interaction sociale que le patient serait susceptible de retrouver dans la vie réelle. Un système de capteurs intégré au casque permettait également d’évaluer le niveau de réceptivité du patient et de suivre ses progrès, une méthode prometteuse contribuant à enrichir la compréhension des besoins spécifiques des personnes atteintes de TSA.
L’Equipex Figures est coordonné par le CHU de Amiens avec comme partenaires Plugmed Heart SAS, l’Université Technologique de Compiègne, l’Institut Faire Faces, le CEA Saclay, GIE Faire Faces, l’Université de Picardie Jules-Verne Amiens.
A propos de leurs activités en chirurgie assistée par des robots
Plateformes de l’Institut Faire Face
L’habituation des personnes autistes via la simulation, est également au cœur de la démarche de SimuSanté, centre de simulation du CHU Amiens-Picardie, qui a fait de la qualité du service de soins sa priorité.
L’équipe de ce pôle d’excellence de la pédagogie active et de la simulation en santé, avait fait le déplacement d’Amiens pour présenter plusieurs réalisations ludo-pédagogiques à destination du personnel de santé, pour « Apprendre ensemble pour soigner ensemble » idée maîtresse au cœur de la démarche de SimuSanté. Les équipes ont mis au point une variété de jeux sérieux s’adressant à toutes sortes de publics apprenants : soignants, professionnels de santé, étudiants et/ou formateurs. Les visiteurs ont ainsi pu tester un escape-game ludo pédagogique permettant de sensibiliser ici aux enjeux de cybersécurité mais pouvant se décliner sur toute une variété de sujets en lien avec la santé. Succès garanti pour ce jeu qui a piqué la curiosité du CNRS souhaitant pour mener une action de sensibilisation auprès de son personnel. Dans la ludothèque de SimuSanté : un escape-game (JANUS) pour prévenir la dépression chez les jeunes, ou encore des jeux numériques en ligne familiarisant avec le mécanisme des épidémies ou sensibilisant à la vaccination. Autant de techniques innovantes pour améliorer les pratiques des professionnels de santé.
Leurs réalisations ludopédagogiques
La coordinatrice du projet SimUSanté est Christine Christine AMMIRATI
Enfin, il était difficile de passer sur l’alvéole ANR sans remarquer l’engouement notoire du public pour REVEA, programme prioritaire de recherche de 2021, consacré à l’optimisation de la performance sportive des athlètes par le recours à la réalité virtuelle (VR). L’équipe de Richard Kulpa coordinateur du projet, (Université Rennes 2) est venue présenter son dispositif d’entraînement permettant à un boxeur d’affronter un avatar lui imposant une gamme de stimuli allant bien au-delà des capacités observables chez un adversaire en chair et en os. Et lui évitant par la même occasion des blessures qu’un entraînement classique pourrait générer. Tout le week-end, des boxeurs en herbe se sont succédé avec bonheur sous le casque de VR, lançant des kicks et esquivant les crochets d’un adversaire heureusement bien virtuel.